Monsieur Charles Duboeuf,
rez-de-chaussée, porte A.
Entrez! Attention à vos pieds,
j'ai les roues agressives. Le couloir n'est pas aux normes, ça fait vingt ans
que je leur écris.
Vous avez vu qui, déjà? Cette
chipie d'à côté, la Vierge?
Oui, entre nous on l'appelle comme ça. Soixante cinq piges et toujours chez
"manman". Ça fait vingt deux ans que je
suis là et elle aussi, pacsée avec "manman".
Ça lui monte à la tête,
l'abstinence, alors elle fabule, elle brode, elle enjolive. Il a même été
question d'un fiancé il y a quelques années. Dix ans, quelque chose comme ça.
Elle avait fait les petites annonces. Le promis, quand il a vu la tête de la
promise, il a dû se carapater vite fait!
Bon, la vierge vous a fait un
rapport complet, je suppose. A quoi voulez vous qu'elle occupe ses journées
entre deux roupillons de "manman?" Elle mate, elle mate, elle mate.
Les services secrets devraient l'embaucher, elle servirait à la collectivité comme
ça.
Moi, je vous l'dit tout net, j'ai
rien vu. Bien sûr que la fenêtre du salon donne sur la rue et sur l'épicerie de
Momo. Seulement moi, je ne passe pas mon temps à zieuter tout ce petit monde.
J'ai du boulot, moi, je ne suis pas une charge pour la société. Tenez, vous les
voyez les cartons, là-bas? Dernier arrivage, quatre mille cinq cents
enveloppes. Quatre mille cinq cents cartes. Une carte, une enveloppe, je ferme.
Une carte, une enveloppe, je ferme. Campagne de pub pour des blaireaux; poils
véritables, manche en corne, du bon blaireau, à l'ancienne. Et c'est du propre
avec moi, pas d'enveloppe froissée, pas de traces de doigt. Certains font ça en
bouffant du hamburger! Je vous dis pas le résultat! Dégueulasse! Et comme on
est payé au rendement, faut assurer. Pas question de lambiner devant la télé.
Boulot, boulot! Ce que je préfère, quand même, ce sont les envois de catalogues
pour Charnel, le spécialiste d'articles … Ah! Vous connaissez? C'est mon plus
gros client.
En attendant, pas le temps de
traînasser devant les fenêtres, moi. Je bosse dur. Désolé, je ne peux rien vous
dire de plus.
Mais la vierge Marie, il ne faut
pas la croire. Elle a des visions, rapport au manque. L'autre jour … oui je
comprends, vous aussi vous avez du boulot. Normal. Je retourne à mes
enveloppes. Plus que trois mille deux cent soixante dix sept.
Ce mois-ci, je vous propose une nouvelle en forme de feuilleton, histoire de vous tenir en haleine.
(Il est possible que la présentation laisse à désirer, canalblog s'excite sur la mise en page, il n'y a rien à faire, patience et longueur de temps...)
Imaginez ...Un quartier populaire, une rue tranquille, un immeuble un peu vieillot, des locataires plutôt sympathiques (!)...
Madame Marie Neuve, rez-de-chaussée, porte B.
J'ai tout vu monsieur l'agent. J'étais à la fenêtre, il
pouvait être neuf heures moins le quart ou neuf heures. Plutôt neuf heures,
j'entendais Samantha sur TV matin. Elle fait le "télémarkett". Tenez!
La pendule, là, qui fait station météo, c'est elle qui me l'a vendue. Très
pratique. Un coup d'œil le matin avant de m'habiller. J'ai tout : température,
hydro…hygro…enfin humidité, nuages soleil, pluie. Très pratique. Et elle fait radio
aussi.
Bon, donc, il était plutôt neuf heures. J'avais fini
d'habiller maman. Maryse est absente pour deux jours. C'est l'infirmière du
matin. Le soir, elles sont deux, elles se remplacent. C'est important, le soir,
il y a la piqûre. Moi, je ne saurais pas faire. Le matin, oui, laver, habiller.
Maman est un peu lourde mais ça va. J'étais à la fenêtre, je me demandais si le
facteur était déjà passé. J'attends la Redoute, pour la collection d'hiver. j'aime bien
savoir à l'avance, pour les tendances. Pas vous?
Monsieur Habid avait déjà sorti les étagères à roulettes
et la grande pancarte, celle qui tourne avec le vent. Le camion de livraison
était reparti, laissant les cageots sur le trottoir, empilés qu'on se demande
comment ça ne tombe pas.
La Tour de Pise, un peu, voyez!
Le suspect marchait en regardant ses pieds. Il avait une
capuche…Oui, oui, je suis sûre qu'il avait une capuche. Et de la musique dans
les oreilles. Ça finira par les rendre sourds. Toute une génération de gosses
stupides et sourds. Parce que, vous n'allez pas me dire, tous ces jeux vidéos,
ça leur grignote le cerveau. Ces lumières, ces bruits, cette violence! On
s'étonne après, aux infos. Moi, je ne m'étonne plus. Les miens, je ne les
aurais pas élevé comme ça. Du respect, de la politesse. Exactement ce qu'a fait
ma mère avec nous autres. Six enfants, monsieur l'agent! On avait intérêt à
obéir, on ne faisait pas dans la psychologie, à l'époque, fallait filer droit.
Il avait un vilain regard. J'ai bien senti qu'il préparait
un mauvais coup. Il s'est approché de l'étal, il avait sorti une main de sa
poche et l'autre restait cachée. J'ai tout vu. Vous ne croyez pas qu'il aurait
dû être à l'école, à cette heure là? Les parents s'en fichent, c'est révoltant.
Ils font des gosses pour les allocations, quatre, cinq, six, ça grouille dans
les F4, deux ou trois par chambre. Et la télé qui braille à longueur de
journée. Comment voulez-vous les élever correctement?
Monsieur Habid n'a pas pu le voir, il était dedans. Si
j'ai vu ce qui s'est passé? Bien sûr! Enfin, comme je vous dis, il avait cet
air mauvais de celui qui prépare une bêtise, il avait une main qui traînait et
l'autre encore dans sa poche. Il a bien vu que Monsieur Habid était occupé
dedans. …Non, je ne l'ai pas exactement vu... J'ai dû tourner la tête. Samantha
faisait le tirage au sort. Un week end à Venise. J'ai envoyé un bulletin. C'est
une certaine Eloïse Ducamp, de Nice, qui a gagné. Ce n'est pas juste, elle
habite tout à côté, elle peut y aller quand elle veut, tandis que moi…
Non, de rien, je vous en prie, je ne fais que mon devoir,
monsieur l'agent.
Je voudrais écrire du joli, du tendre, du beau. des histoires-rayon de soleil avec des mots-lumière qui scintillent doucement.
Mais non, tout ce qui sort de moi ce sont des histoires tristes et sombres, avec des mots durs, des phrases à tirer des larmes. Entre mes lignes on pleure, on souffre, on meurt. Derrière mes mots la vie est difficilement vivable.
Je croyais pouvoir écrire des histoires d'amour. C'est joli, l'amour, c'est bleu, c'est rose, ça donne des éclats de rire.
Seulement voilà, pas chez moi. A l'encre de mes mains, l'amour se transforme en excès, en douleur, en blessure. Alors ça me donne le cafard, ces histoires-là. Je n'ai même plus envie de les lire.
Savoir : v.t. (lat. sapere) 1/ être instruit dans quelque
chose, être capable de…connaître.
Qu'est-ce que je sais ? Rien. Je n'ai pas envie de savoir.
J'ai tout à apprendre. Une vie, au minimum. Ne rien savoir, ne rien fixer,
rester mobile, prêt à…
Je me souviens de Jean Gabin qui affirmait d'une voix gouailleuse " je sais qu'on ne sait
jamais "
Qu'est-ce qu'il y a à savoir? La
lumière du matin sur le monde, la couleur de l'amour; la main d'un enfant.
Rien
de plus. Le reste n'est que balivernes.
Savoir oublier, ne pas retenir,
lâcher prise, flotter. Garder l'envie de savoir, la curiosité du monde et de
l'autre.
Le savoir, vaste marmite cuisinée
à toutes les sauces. Qu'y a-t-il à savoir? Rien, si ce n'est savoir vivre.
-Salut René!
Tiens, assieds-toi, là, si tu veux, je vais enlever ma gamelle.
-Merci !
Qu'est-ce que tu manges?
-Ragoût de
carottes aux airelles. C'est la spécialité de ma mère, un régal. Alors, c'est
ta dernière année?
-Et je pars
juste à temps! Pour les suivants, pas question de s’arrêter avant vingt cinq
ans. Travailler plus pour gagner plus, qu’ils disent !
-Ne m'en parle
pas. Rien que d'y penser, j'en ai les bois qui se hérissent. Tu restes par ici
?
-Tu rigoles!
Je m’en vais retrouver ma cabane au Canada. Bichette m’attend, on va enfin
pouvoir, elle et moi, se donner du bon temps. Voyager, visiter du pays, sortir
un peu de toute cette neige, marcher au sec, gratter du sabot le sable chaud.
-Tu nous
enverras des cartes postales? Regarde-moi ce fainéant d'Eric! Il se planque
derrière la pile de déguisements d'Obama. Quel ours polaire, celui-là!
-Ah ! Les
lutins ne sont plus ce qu’ils étaient ! La conscience professionnelle,
chez les jeunes, elle se perd. On ne pense qu’à multiplier les pauses et les
RTT.
-Tu as vu tout
ce qu’ils ont entassé sur le traîneau ? Et de guingois encore ! Au
premier virage, pfft! On en perd la moitié. Et le patron qui ne dit rien.
-Oh! De toutes
façons, il s'en fout, du moment que le boulot est fait. Il est là, drapé dans
sa houppelande, un coin de fesse sur le traîneau, à pointer sur sa liste les
colis qui passent.
-Dis donc, tu
ne trouves pas qu'il a l'air fatigué ?
-C'est vrai
qu'il a une mine de papier kraft. Il nous parle de crise du jouet et de
difficultés d’approvisionnement, mais je crois surtout qu’il aurait besoin, lui
aussi, de s’arrêter et de passer la main.
-Tu le connais, monsieur ne veut
rien entendre. Malgré la cohorte de jeunes qui se pressent à la porte, il ne
veut pas céder la place. Il se cramponne à sa houppelande comme un forcené.
-Tu te souviens de son discours
de rentrée? Il a parlé de vocation, de service public, de sacerdoce. Moi je
crois plutôt qu’il a peur d’arrêter. Il a fini par y croire à son rôle de Père
Noël, dieu tout puissant sur les désirs des enfants. Alors la retraite, ça lui
fout les jetons.
-Ouais! Ben, en attendant, s'il
continue comme ça, il ne la verra même pas, sa retraite. Et la mère Noël qui
n'est plus là pour le raisonner !
-Alors là, tu parles d'un truc!
Après quarante ans de vie commune, partir, comme ça, sans prévenir, pour élever
des chèvres dans les Pyrénées!
-Ça va lui changer le quotidien
! Il paraît qu'elle n'y croyait plus, à Noël, la bonté, l'amour du prochain, et
patati et patata! Elle disait que tout ça c'était devenu une affaire de fric.
La femme de Luka, le concierge, l'a même entendu pleurer.
-Elle n'a pas vraiment tort! Tu
sais, mon grand-père me racontait ses débuts, les premières tournées, pendant
la guerre, je te parle de la première, les oranges emballées de papier de soie,
une par gosse, et puis c'est tout. Et encore, ils étaient contents! Et mon père
a connu l'époque des jouets en bois, solides, les épées de chevalier, les
voitures à pédales pour se croire Fangio,
l les poupées aux yeux de porcelaine
Alors que maintenant, dès le vingt six décembre, les marmots envoient des mails
de réclamations parce que la console de jeu est bleue au lieu d'être rose et
que le sabre laser est moins efficace que dans les films.
-Tu la joues
un peu nostalgique, là. Il faut vivre avec son temps.
-C'est
possible, mais tu vois, j'ai perdu la flamme. Je la comprends, la mère Noël,
avec ses chèvres dans sa yourte. Je suis bien content d'arrêter cette année
pour ne pas voir comment ça va finir.
-Qu'est-ce que
tu veux dire?
-On dit que le
type qui s'est pointé, l'autre jour, dans l'atelier, celui qui avait le teint
jaune et les yeux bridés, on dit qu'il venait pour négocier la reprise de
l'atelier. Il a de grands projets, paraît-il. Informatiser le service du courrier,
traiter les commandes par logiciel spécial. Automatiser l'emballage pour virer
la moitié des lutins. Je ne veux pas te faire peur, mais il a même été question
de motoriser le traîneau.
-Tu ne vas pas
me dire que le patron peut accepter une chose pareille? Non, je ne veux pas y
croire. Ici, c'est quand même une affaire de famille, on ne cherche pas le
profit à tout prix. Non, ce n'est pas possible! Pas nous, pas ici, pas comme
ça!
-Je comprends
que tu sois déçu. Je ne voulais pas y croire non plus. Mais si tu réfléchis
bien, tu vois que les choses ont changé. La pointeuse, les réunions de
motivation commerciale, les objectifs toujours plus élevés, les salaires
bloqués, la suppression des primes de grand froid. Tu savais, toi, que trois
lutins ont tenté de se jeter dans le lac gelé?
On les a sortis de justesse,
congelés mais encore vivants. Tout est pourri, je te dis. C'est la fin.
-C'est malin,
j'ai le moral dans les sabots. J'ai le ragoût aux airelles de maman qui ne
passe pas. Je ne la sens pas cette tournée. Avec toutes tes histoires, j'ai
même le pressentiment que c'est la dernière.
-Dernière ou
pas, on va se la faire quand même. Tiens, regarde, j'ai apporté un petit
remontant, c'est ma dernière bouteille d'alcool d'érable. Fabrication maison.
Allez, viens, Paolito, le boulot nous appelle. Le patron, a terminé de pointer
sa liste, il referme sa houppelande, il ajuste son bonnet, il grimpe sur le
siège du traîneau. On n'attend plus que nous. Allez, viens, après tout, c'est
Noël, on peut encore croire au miracle
Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je sors d'un livre qui m'a touchée, émue, chamboulée, j'ai du mal à rentrer tout de suite dans un autre univers littéraire.
Ce serait comme enchaîner 2 repas gastronomiques ou bien 2 films superbes, ou bien visiter des musées les uns sur les autres, ou bien commencer une histoire d'amour alors que la précédente est encore tiède...enfin bref, moi, je ne peux pas.
Alors, sur ma table de nuit, il y a un livre-tampon. Un livre que je peux prendre et laisser sans risque de me perdre, un livre qui se mange par petit bout, un livre qui ne déclenche aucun cyclone émotionnel. Ce livre-là, c'est un ami, un ami rassurant, un ami qui ne demande rien, qui sait que, dans ces moments là, j'ai besoin d'apaisement et de compréhension. En ce moment, ce livre-ami, c'est celui-ci
Alors, après avoir refermé "Des hommes", je feuillette chaque soir cet auto-dictionnaire qui me promène dans l'univers de Simenon.
J'ai un peu l'impression de regarder par la fenêtre, sans que l'on se doute de ma présence. Je vois le bonhomme, assis devant sa machine, le matin, je vois la rangée de pipes bourrées, j'entends les discussions avec un visiteur, un éditeur, une compagne. J'entends aussi les pensées et ruminations de cet auto-didacte, qui voulait, à travers l'écriture, comprendre l'homme en entier, comme un médecin comprend son patient. Je lis des morceaux de toutes ses lettres écrites en un temps où la pensée suivait le rythme de la main sur le papier.
Je suis toujours curieuse de voir un écrivain de près! De savoir pourquoi, comment, par quel chemin...
Un soir, entre deux trajets professionnels, je suis entrée dans la librairie toute éclairée pour écouter Laurent Mauvignier parler de ce roman. Il a une voix douce mais ferme, il parle avec des mots simples, avec lui l'écriture n'est pas quelque chose de compliqué et d'inaccessible. Il parle de son choix d'aborder ce sujet difficile qu'est la guerre d'Algérie, à cause des blessures encore fraîches dans la mémoire collective. Il parle de son père qui n'en parlait pas justement. Il dit que ce n'est pas un livre sur la guerre d'Algérie, que c'est juste un roman, une histoire, avec des personnages inventés. Il dit qu'il a quand même fait beaucoup de recherches, visionné des documentaires, regardé des photos de "là-bas". Il dit que lui, ce qu'il voulait, c'est essayer de comprendre "comment les choses durent après qu'elles sont finies"
"Il était plus d'une heure moins le quart de l'après midi et il a été surpris que tous les regards ne lui tombent pas dessus, qu'on ne montre pas d'étonnement parce que lui aussi avait fait des efforts, qu'il portait une veste et un pantalon assortis, une chemise blanche et l'une de ces cravates en Skaï comme il s'en faisait il y a vingt ans et qu'on trouve encore dans les solderies."
Cet incipit est caractéristique de ce roman, des phrases longues, voire très longues, emmêlées, saccadées. des phrases qui donnent une idée de la rumination mentale de ces hommes, coincés dans leur tête par le souvenir des horreurs vues ou commises.
Ce roman parle de la douleur du silence imposé. Imposé par soi-même, parce qu'on voit bien que ce n'est pas possible de parler de ça, ici, chez nous, devant les vieux parents ou les voisins.
"ça" c'est la guerre d'Algérie, une guerre qui n'en est pas une, et puis si, quand même. Ce roman parle de ces jeunes, partis puis revenus, en apparence les mêmes, deux ans, qu'est-ce que c'est deux ans? Et pourtant dedans tout est foutu. Malgré tout, ils vont vivre, enfin, essayer de vivre normalement, tenter de se refaire une vie. Mais les coutures finissent par craquer...
J'ai beaucoup aimé ce livre malgré les 40 premières pages un peu confuses. Une écriture surprenante au service de personnages démolis intérieurement, démunis devant le poids de cette impossibilité à dire. Un roman difficile, qui ne se laisse pas lire avec légèreté, qui oblige à réfléchir. Une histoire dont l'écho va longtemps résonner en moi.
Lors de la rentrée littéraire, j'ai été touchée par un auteur que j'ai entendu ou vu plusieurs fois à la radio ou à la télé. Le thème choisi pour son nouveau roman m'a touchée et j'ai eu la chance d'assister à la présentation qu'il est venu faire chez mon libraire.
Au début ça commence un peu comme ça... "On se souviendra que derrière Feu-de-Bois on pourrait retrouver Bernard.(...) On se rappellera qu'il n'a pas toujours été ce type qui vit aux crochets des autres."
Ensuite, ça continue comme ça ..."Les soldats envahissent le village et courent en criant, ils crient pour se donner du courage, pour faire peur, comme des râles, des souffles, alors les vieilles lâchent les paniers qu'elles sont en train de tresser et regardent les jeunes hommes et s'étonnent de ce qu'avec des armes dans les mains on dirait que ce sont eux qui ont peur."
Et comme ça aussi ... "...et cette fois dans le ciel bleu il y a comme une envie de sortir et de courir, de crier, de dire qu'on veut en finir et certains pensent qu'une fois dans les collines, une fois qu'on se sera battus, alors on sera nous aussi des soldats qui auront connu le feu et on pourra rentrer chez nous et reprendre la vie normale dans les champs et les usines"
J'aime l'écriture dense et parfois destructurée de cet auteur que je découvre.
J'aime le choix de son point de vue pour traiter un sujet qui est encore très sensible dans la conscience collective.
Il publie depuis 1999 des romans plutôt intimistes sur les non-dits, les secrets et la douleur qui en découle.
Bien sûr, je vous en parlerai dès que je l'aurai fini...d'ailleurs, j'y vais, là, tout de suite... le voilà......Bonne nuit !!!
C'est le premier recueil de l'auteure qui avait, jusque là, participé à des concours de nouvelles ou publié en revue. J'ai beaucoup aimé l'écriture simple et sans fioriture. La priorité est donnée à la peinture sensible de l'ordinaire qui nous entoure. Les personnages qui apparaissent sous la plume de l'auteure n'ont pas jailli de nulle part. Ils sont extraits de notre réalité. Une réalité plutôt noire, serrée au plus près de l'ordinaire avec une grande humanité. Ces gens là ne sont pas des héros, ils font juste ce qu'ils peuvent.
Parmi ces 13 nouvelles, voilà celles que j'ai un peu plus préférées :
Assistance technique
La place du mort
Le chemin à l'envers
Le début..."Le corps que l'on distingue penché dans la pénombre au-dessus du lit, est celui d'une femme mince, de stature moyenne, sans autre signe particulier que la légère voussure de ses épaules : Mélanie Bix fait ses bagages"