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L'atelier de Fabeli
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3 avril 2010

Temps d'écrire

Folie d’écrire, de laisser les mots franchir le barrage du cœur, du ventre, de la raison.

Raison bousculée, aller à la pêche aux mots dans la vase de nos entrailles.

Et même si la plume grince sur le papier, même si la plume coince à l’interligne,

continuer, ne pas lâcher, tracer, tracer, coûte que coûte, poser les signes sur cette page parfois trop blanche, parfois trop courte.

Courtes me paraissent ces heures d’évasion, je voudrais qu’elles s’étalent, qu’elles s’étirent à ne jamais finir.

Ne jamais finir d’écrire, de laisser sortir ce jus sombre et surprenant.

 

" Ecris, écris, me souffle la petite voix intérieure de la passion, écris, écris, et plus tu écriras plus tu sauras"

Tu sauras d’où tu viens, tu sauras qui tu es, tu sauras même où aller.

Aller là où te porte ta voix, là où t’entraînent les mots, un peu plus loin, encore un peu.

Peu importe la peur, peu importe le temps, ça demande de la patience, parfois même de la souffrance.

La souffrance de fouiller dans les replis, dans les recoins, ceux que la lumière n’atteint pas.

Pas évident d’y regarder de plus près, dans ces coins là, ça poussière, ça grisaille, ça s’entasse, ça s’encrasse et ce n’est pas beau d’y mettre les doigts.

Les doigts qui tripaillent dans ce tas épais et sombre, ce tas d’émotion, de remords, de colère, de regrets.

Regrets de n’avoir pas dit, pas pu, pas fait.

Fait du beau, du joli, de l’honnête, du facile.

Facile à dire, mais plus difficile à faire, les belles choses.

Les belles choses, on les voudrait pour nous, tout le temps, mais ça s’échappe, ça fout le camp, comme le bout de savon trop mouillé qui ne veut pas nous laver.

Nous laver de nous-même, c’est ce que nous voudrions dans l’écriture, se débarbouiller, se décrasser, faire le ménage et s’apprivoiser.

Apprivoiser ce cœur qui n’en fait qu’à sa tête, sursaute et tressaute au moindre courant d’âme.

Ame qui vive dans nos ventres surchargés, âme qui pleure dans nos cœurs éventrés.

Eventrés de douleur, éventrés de terreur, reste l’écriture pour panser nos plaies jamais refermées.

Refermer le cahier quand les mots sont posés, ranger la tripaille dans le ventre allégé, clore la bataille contre soi-même menée.

Mener son cœur au repos, il l’a bien mérité. Jusqu’à la prochaine page. Jusqu'à la prochaine plage. Plage de temps. Temps d'écrire. De s'écrire.

main_qui__crit_1

© Fabienne Rivayran janvier 2010

 

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13 mars 2010

Auto-portrait à 7 heures du matin

pinceaux_1Femme, 46 ans, cheveux châtain, yeux marron, taille et poids moyens, nez droit, lèvres fines, pas de signes particuliers, juste une petite tâche sous l’œil gauche, mariée, deux enfants, travaille dans la vente, écrit des histoires qu’elle voudrait lire à haute voix, n’aime pas les petits pois, ni le coca, apprécie de recevoir des amis à dîner le dimanche soir, privée de sa mère à trente ans, regarde grandir ses filles, les trouve belles, aime par-dessus tout les entendre rire, choisi ses lectures avec gourmandise, peut rester des heures dans une librairie à caresser du papier, préfère regarder les choses en face et se débarrasser des corvées en premier, tente de se faire une bonne vie, avec du sentiment et de la douceur, se sent belle dans le regard de ceux qui l’aiment, a un peu peur de vieillir et ne passe pas son temps à regarder les photos d’avant, se débrouille avec une lucidité parfois encombrante, n’a pas toujours été sereine, ne l’est toujours pas, n’envisage pas vraiment de le devenir, ne cherche rien d’autre que ce qu’elle trouve en chemin.

Préfère cacher ses rêves pour ne pas les faner à la lumière du jour.

© Fabeli février 2010



2 février 2010

Dis Fabeli, qu'est-ce que tu vois ?


 

52poisson

Je vois un bureau en désordre.

Je vois mon nouveau bureau en grand désordre.

Je vois trois dictionnaires, un dictaphone, une agrafeuse, des feuilles volantes très importantes, un carnet à secret, un pot à mots et un pot à crayons.

Je vois mon ordinateur, mémoire fidèle et si fragile.

Je vois un nom sur un bout de papier, très important, ce nom. Ne pas l'oublier.

Je vois deux livres lus et un poste de radio muet, une boite à senteur et un calendrier dont je vais tourner la page.

Je vois des fragments de poèmes collés au mur, devant mes yeux, et une liste de concours que je ne pourrais pas tenir.

Je vois la photo de mes filles et un poème, écrit par l'une d'elle.

Sur la tapisserie, quelques poissons affairés ne s'occupent guère de mes habitudes.

Je vois mon univers d'écriture et j'en suis fière.

 

© Fabeli 02.02.10

 

1 janvier 2010

savoir vivre

Savoir : v.t. (lat. sapere) 1/ être instruit dans quelque chose, être capable de…connaître.

 

Qu'est-ce que je sais ? Rien. Je n'ai pas envie de savoir. J'ai tout à apprendre. Une vie, au minimum.
Ne rien savoir, ne rien fixer, rester mobile, prêt à…

Je me souviens de Jean Gabin  qui affirmait d'une voix gouailleuse " je sais qu'on ne sait jamais "

Qu'est-ce qu'il y a à savoir?
La lumière du matin sur le monde, la couleur de l'amour; la main d'un enfant.

Rien de plus. Le reste n'est que balivernes.

Savoir oublier, ne pas retenir, lâcher prise, flotter. Garder l'envie de savoir, la curiosité du monde et de l'autre.

Le savoir, vaste marmite cuisinée à toutes les sauces.
Qu'y a-t-il à savoir?
Rien, si ce n'est savoir vivre.

 

© Fabeli

bonne_ann_e

10 novembre 2009

Dis Fabeli, qu'est-ce qu'il y a?

arbre_automne

 

Il y a la douceur d'un automne ensoleillé, les premiers champignons dégustés et les premières châtaignes. Il y a ces quelques plaisirs saisonniers pour nous faire oublier l'arrivée inexorable de l'hiver, l'endormissement de la terre, le gris lourd du ciel qui hésite entre pluie et neige.

Il y a cette envie de ne pas se laisser envahir par le froid et la tristesse. Une envie de petits bonheurs fragiles à saisir coûte que coûte. Il y a cette volonté farouche de vivre la vie au plus fort. Il n'est pas question d'abus, de sensations fortes, d'exagération. il s'agit plutôt d'investir sa vie en totalité, de l'appréhender dans son entier, du début à la fin. De se laisser envahir par toute une gamme de sensations, de sentiments, qui nous rendent vivants.

Je vois donc je vis, je touche, donc je vis, j'aime donc je vis. Je ris, je pleure, je hais donc je vis.

A travers toi, lui, elle, vous, je vis.

Avec ou contre, je vis.

Au-delà de moi, je vis.

J'accepte de vivre cette vie offerte un jour de mai par une femme hurlant de douleur.

Je prends soin de ce cadeau magnifique. Je le respecte, je le soigne. C'est une vie unique, c'est la mienne, elle est ce que j'en fais.

 

©Fabeli 24.10.09

 

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3 novembre 2009

Ce que je veux...

couronne_de_la_reine_t13722

Je veux le beurre et l'argent du beurre.

Je veux le tout dans son ensemble.

Je veux. Le roi dit "nous voulons"

Je suis reine, je décide, j'ordonne.

J'ordonne à ma vie de prendre le cours que je veux.

Qu'est-ce que je veux?

Je veux la paix dans le monde, le bonheur de mes filles, la douceur d'une soirée d'été.

Je veux un bon verre de vin en bonne compagnie.

Je veux de l'amour, comme vous. Je veux de l'amour, du vrai, celui qui ouvre les yeux sur un monde plus beau, celui qui met de la couleur dans l'air.

Je veux cet amour-là qui fait tenir debout, jour après jour, nuit après nuit.

Je veux et je ne veux pas.

Je ne veux plus me perdre, je veux me trouver.

Je veux définir des contours nets, quelque chose qui ressemble à quelque chose.

Je veux du solide, du tangible.

Je veux, je veux, je veux y aller et je veux revenir, je veux essayer et je veux laisser.

Je veux une vie, je veux des vies, je veux jusqu'à l'infini.

Je ne veux pas mourir.

Fabeli 2009

9 octobre 2009

Dis Fabeli, qu'est-ce que tu dis?

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Je dis que rien n'est simple. Je dis que tout reste à dire, surtout le bon, le tendre, le doux. C'est celui-là qu'il faudrait dire en premier. Le reste, le dur, la haine, l'envie, la jalousie, mieux vaudrait les taire ou bien hurler dans le vide pour crever l'abcès, se vider et laisser sécher à l'air libre. Mais c'est parfois plus fort que soi, les mots se bousculent, se battent entre eux, c'est à qui passera le premier. On a beau plaquer une main sur cette bouche malsaine, ça sort, ça déborde et les regrets n'y changent rien.

Et les mots doux, ceux qui sont au fond, planqués sous la pudeur, ils restent là, les mots doux. Parce qu'ils n'ont pas le courage de se battre, ce n'est pas dans leur nature. Un mot doux, par définition, il est doux, il a besoin d'un environnement approprié, il lui faut de l'intimité, du silence. On ne va pas se mettre à hurler des mots doux, ça n'a pas de sens. Alors on les entasse dans les creux de son âme, dans les replis de son cœur. Personne ne les voit, ils n'en sont pas moins là, tout doux, tout sages, ils attendent leurs tour. Mais parce que le monde est trop bruyant, ces mots doux que l'on finit par prononcer, personne ne les entend.

 

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