C'est l'heure de la rentrée littéraire. A tous les coins de radio ou de revues, on interroge, on analyse, on décortique. Alors, moi, bonne élève, j'écoute, je lis et puis...je rêve...
On ferait comme si j'étais un écrivain célèbre.
On dirait que je serais reçue par une journaliste (oui, je crois que je préfèrerais être reçue par une femme, quoique, si c'est le beau François B., dont la voix câline mes fins d'après-midi, radio en sourdine entre 2 clients...)
...donc une journaliste qui serait super intéressée par ma petite personne, curieuse de mieux me connaître, moi, l'Auteure. Alors, elle poserait des questions...
Quels sont vos premiers souvenirs d’écriture ?
Des lignes et des lettres.
Des lignes de lettres à l’école, sur le cahier d’écriture.
Des lignes de lettres alignées, bien formée, bien posées sur les inévitables lignes bleues.
Des lignes de strictes minuscules ou d’arrogantes majuscules.
Fillette timide et réservée, j’avais la hampe craintive et le jambage discret. Pourtant j’ai dû éprouver une grande fierté à maîtriser l’art difficile de l’écriture. Peu douée pour la parole, je sentais que l’écrit m’ouvrait un monde à explorer.
Plus tard, dés que l’occasion s’est présentée, j’ai écrit des lettres, des lettres appliquées sur de beaux papiers colorés, avec les enveloppes assorties. J’écrivais des lettres pour à mon tour en recevoir. Ah ! Le doux bruit de l’enveloppe taillée au coupe-papier d’une main impatiente.
Depuis quand écrivez-vous ?
Distingue-t-on le geste d’écrire, le fait de tracer des signes sur une feuille de papier, de l’acte d’écrire, d’agencer les mots pour exprimer un jus intime ?
Ecrire c’est toujours écrire. La différence vient ensuite de ce que l’on écrit par obligation ou par plaisir.
J’écris par plaisir depuis que l’on m’a obligée à écrire ! ! !
Comment vous est venu l’envie ou le besoin d’écrire ?
L’envie d’écrire, elle a toujours été là, bien au chaud, dans le ventre, tumeur bénéfique tapie dans l’attente de prendre vie.
Elle a pris vie un jour de mai entre deux sanglots. Depuis elle s’épanouit, grandit, s’épaissit.
Elle est gourmande, cette envie-là ! Elle ne se contente pas de trois lignes par-ci par-là. Il lui faut de l’exercice, quotidien si possible, il lui faut une alimentation variée et équilibrée, piochée dans le magma du quotidien, dans l’ordinaire des jours et des gens, dans la réflexion, dans la rêverie.
Il lui faut de l’espace et du temps. Du temps de vie, du temps d’envie.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Les gens, vous, moi, le quotidien, l’ordinaire, la fêlure insignifiante qui lézarde ce quotidien. L’humain.
Il y a bien là suffisamment de matière première. Je crois même que le filon est inépuisable. Pensez donc, on le creuse depuis l’antiquité !
Tout à été écrit et pourtant tout reste à écrire. Tant qu’on y croit, on écrit !
Quelles sont vos méthodes de travail ?
Des méthodes de travail ? Oui, sans doute doit-il exister des méthodes de travail.
On voit ça dans les biographies d’auteurs célèbres : Ecriture de cinq heures à huit heures- promenade- courrier- déjeuner- écriture de quatorze à vingt heures- dîner- coucher. Je ne sais pas. Je n’en suis pas encore à réduire mon temps d’écriture à un emploi du temps scolaire, avec des tranches bien définies par un surlignage de couleur.
Je vis en écrivant, j’écris en vivant. Je veux écrire mais je ne peux pas, je peux écrire mais ça ne vient pas. J’écris ici, là, et ailleurs aussi. J’écris.
De quel avenir rêvez- vous en tant qu’écrivain(e) ?
Je ne rêve pas d’un avenir en tant qu’écrivaine. Je le suis et je le vis au présent. Ecrire, c’est maintenant, c’est aujourd’hui.
Demain ? Demain je me lève et j’écris. Dans un an, dans dix ans ? J’écris, j’écris encore. Debout, assise, couchée, j’écris toujours.
Et voilà, l'interwiew est terminée. Je laisse ma place.
Qui veut rêver avec moi? Qui veut répondre aux questions?
- Quels sont vos premiers souvenirs d’écriture ?
- Depuis quand écrivez-vous ?
- Comment vous est venu l’envie ou le besoin d’écrire ?
- Quelles sont vos sources d’inspiration ?
- Quelles sont vos méthodes de travail ?
- De quel avenir rêvez-vous en tant qu’écrivain(e) ?