Farandole marine
Je fais la planche sur l’océan de mon lit. Je me laisse porter par le courant en fixant les poissons au plafond.
Ils sont une petite dizaine à faire la ronde autour d’une poignée d’étoiles de mer. Pas que des poissons, d’ailleurs. En face du thon et de l’espadon, j’aperçois un poulpe et une seiche, tous tentacules dehors. Le reste de la bande appartient au genre cétacé.
C’est assez justement de faire la planche depuis quatre jours. La mer est trop calme et l’ennui me fatigue. Pourtant le capitaine a dit : repos! Rien d’autre à faire que la planche avec patience.
Patience et longueur de temps face aux dégâts causés par une minuscule aiguille. C’est le poinçonneur des Lilas qui est passé par-là. Un p’tit trou de rien du tout et c’est panique à bord. Une avarie, capitaine ! La coque est percée. Je ne prends pas l’eau, je la perds. Une fuite, une brèche qui tarde à se colmater. Rien à faire, tout fout le camp, ma p’tite dame, même ma moelle épinière.
Epinière, épinière, est-ce que j’ai une gueule d’épinière ? Moi ma gueule, elle s’étale en travers d’un oreiller qui flotte sur une mer d’ennui. Et là-haut, la pescaille qui rigole à s’en fendre les arêtes !
Arrête de te barrer, la moelle ! Ferme ton clapet que je puisse me remettre sur mes deux pieds. C’est assez, cétacés, farandole marine triste à pleurer. Allez, ouste ! Débarrassez-moi le plafond, poissons de pacotille. Je ne veux plus vous voir. Je veux retrouver ma verticalité d’humain. Homo erectus, je suis et je reste. Sapiens, on verra après…
©Fabeli 26.11.10
La plaisanterie a duré 8 jours. (un examen médical qui s'est un peu compliqué)
8 jours à faire la planche en compagnie de mes jolis poissons.
A présent me voilà sur pied et bien décidée à ne plus laisser une aiguille approcher de ma colonne vertébrale!!!