Au bout...
J'ai peur de rien. Pourquoi
devrais-je avoir peur de quelque chose?
Qu'y a-t-il à craindre dans
cette vie?
Quoi? La fin? Le bout du bout? Le dernier souffle?
Je suis comme tout le monde. Je redoute de pousser la dernière porte. Surtout que je n'ai pas cherché à imaginer qu'il y aurait un après. Quelque chose comme un jardin avec des fleurs, des parfums, des plaisirs. J'ai préféré croire qu'il n'y a rien d'autre que cette vie, ici, aujourd'hui additionné d'hier et d'un peu de demain.
J'ai peur de rien. J'ai bien
compris que tout a une fin. Les roses effeuillées, les nuages de
poussières, le jour comme la nuit. Tout finit et moi aussi. Au
microscope, je verrais sans doute le début de la fin, le délitement des
os, des cartilages, l'affaiblissement des fibres musculaires.
Il y a
bien des bricoles qui mettent la puce à l'oreille, la vue qui
dégringole, la peau qui se détend, tirée vers le bas. On lutte, on
s'efforce, on se maintient. Pas la peine d'en faire une histoire.
Egalité pour tous. Personne n'y coupera, chacun son tour, billet
aléatoire en main. Aujourd'hui, demain, un peu plus tard.
J'ai peur de rien, je vous
dis. Tout est normal, l'ordre des choses, ainsi va le monde.
A la rigueur, un truc qui
m'ennuie, me tarabuste.
Ne pas être seule. Croiser une dernière fois un
regard, peut-être même un sourire ou bien des larmes, je m'en fous,
quelque chose d'humain.
Avoir la certitude que rien n'a été vain.
Fabeli 2009