extrait de Météo marine
Vendredi : Ciel variable devenant très nuageux. Mer agitée. Vent force 5.
6h13. Chiffres rouges, cadran noir. Soif. Repousser la couette, basculer les jambes. Froid le carrelage sous les pieds nus. Cuisine. Evier, ouvrir l’eau, remplir le verre, mouiller les doigts. Boire en frissonnant. Ecarter le rideau, fouiller la nuit pâle. Au-delà du portail, la forme sombre de la maison de Pierre, éclairée d’un peu de lune. Par-dessus le toit, de la fumée.
- Nos équipes seront là dans quelques minutes. A quelle distance se trouve votre maison du sinistre, madame ?
- De l’autre côté du chemin.
- D’autres habitations à proximité ?
- Non. Nous sommes les seuls dans ce chemin, avant les pins.
- Faites bien attention à vous, madame, n’essayez surtout pas d’entrer dans la maison. C’est dangereux.
Mais il y a Pierre dans la maison ! Enfiler manteau, baskets, sortir en laissant la porte ouverte, courir, traverser le chemin, pousser le portail.
Appeler. « Pierre ! Pierre ! » Tousser. Crier. « Pierre ! Pierre ! »
Soudain les sirènes dans le chemin, deux camions, non, trois, rouges, brillants, bruyants. Hommes casqués jaillissant des portières. Des cris, des ordres, des gestes précis. Bousculade organisée.
- Ne restez pas là, madame, rentrez chez vous.
- Pierre dort là.
Montrer la fenêtre, devant, à droite de la porte d’entrée.
- Rentrez, madame. Ça va aller.