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L'atelier de Fabeli
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23 mai 2013

La main à la pâte

J'ai en ce moment les mains dans la pâte. La pâte des mots. Les mots en purée. Purée de consonnes et de voyelles. Je pétris ma pâte de mots consciencieusement, pour ne rien laisser perdre. Je pétris un peu chaque jour, je laisse reposer quelques heures, j'y reviens, je m'oblige à revenir car parfois je fatigue et serais prête à laisser la pâte sécher, seule, dans un coin de mémoire informatique. Ce serait tellement plus facile de garder les mains propres. Les mains douces et délicatement parfumées. Qu'ai-je besoin de les fourrer dans cette pâte épaisse et collante? 

 

main à la pate

 

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12 mai 2013

Ciseaux

 Ciseaux-de-Stephane-Michaka_reference

"Ciseaux" Stéphane Michaka (Fayart 2012)

 4 de couv' : « Jour après jour, j’entends dire qu’on ne vit pas dans un monde de certitudes. Qu’il n’y a de certain que l’amour, tant qu’il dure, la famille, tant qu’elle se maintient, les amis quand ils sont de passage. Autant dire, tout cela n’est pas plus sûr que le reste. Alors quoi ? Est-ce qu’on doit se passer de certitudes ? Est-ce qu’on peut tenir longtemps, sans un ou deux cailloux dans le creux de la main ? Je crois que dans mes nouvelles je n’ai jamais parlé d’autre chose.
Je m’appelle Raymond. Je suis écrivain.
Enfin, j’espère le devenir. »

Je cherchais une biographie de Raymond Carver et un ami m'a recommandé la lecture de Ciseaux... qui n'est pas une biographie! Enfin, si, c'est une "biographie subjective", c'est la biographie de R. Carver telle que l'imagine Stéphane Michaka.
Ainsi qu'il l'explique dans l'interview suivante*, Michaka s'est vraiment intéressé à Carver quand il a eu connaissance de l'intervention plutôt "musclée" de l'éditeur Gordon Lish dans l'œuvre de Carver. "Ciseaux" est né de ce désir de mettre en lumière le processus de création littéraire qui passe obligatoirement par le travail de réécriture.

Après s'être soigneusement documenté grâce aux nombreux témoignages des proches de R. Carver, Stéphane Michaka a retissé la vie du nouvelliste américain en entrelaçant vérité et fiction, avec une empathie qui m'a particulièrement touchée. Au fil de chapitres courts, l'écrivain d'aujourd'hui donne la parole à l'écrivain d'hier ainsi qu'à son éditeur et ses deux compagnes. Une écriture sobre met en valeur la vie quotidienne du nouvelliste américain, ses doutes, sa quête de perfection, son combat contre l'alcool et ses difficultés conjugales et littéraires.

Carver, je l'ai découvert il y quelques années, suite à une recommandation de lecture dont j'ai oublié l'auteur (qu'il ou elle veuille bien m'en excuser!) mais que je continue à remercier! J'ai tout de suite été fascinée par son univers et cette façon si particulière de tracer en quelques pages des portraits de personnages fragiles, bousculés par la vie. Lorsque j'ai appris ce qui s'était passé entre Carver et son éditeur, comme Stéphane Michaka, je me suis passionnée pour cette affaire de "coupures". J'ai relu les nouvelles de Carver dans leur version intégrale, j'ai comparé avec la première édition. Je me suis moi aussi interrogée sur la nécessité de ce travail de "nettoyage", indispensable et douloureux à la fois. Et à chaque fois que j'en suis à cette étape dans mon propre travail, je ne peux m'empêcher, cliquant impitoyablement sur la touche Edit-cut, d'avoir une pensée émue pour Raymond Carver!

 

 

*Ici une interview de Stéphane Michaka 

Ici une note de lecture des Facétie de Lucie

 

 

10 mai 2013

Dans quel état est Annick Demouzon ?

verre brisé Appel à contributions : Dans quel état êtes-vous quand vous donnez vos textes à lire (éditeurs, amis...) si vous aussi vous voulez évoquer cet état si particulier, propre à chaque auteur, écrivez un texte et venez le partager (en m'adressant un mail) Je vous propose de reprendre l'incipit suivant : "Lorsque j'envoie un texte (à un éditeur, à un ami)..." et ...c'est à vous!

 

Annick Demouzon,
nouvelliste, se joint au groupe pour se dévoiler un peu.

 

Lorsque j'envoie un texte à un éditeur — ce que je ne fais qu'après avoir laissé passer beaucoup de temps et retardé, souvent à l'excès, le moment de le faire (serait-ce de la lâcheté ?) —, d'abord, j'ai comme un petit pincement au cœur (l'espoir, l'espoir qui trompe et peut faire mal : on ne devrait jamais espérer). Ensuite, j'oublie presque, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. On sait que les réponses sont longues à venir et que ce sera NON, forcément NON, parce que cela ne peut être autrement que NON. Y a donc pas l'feu. Et pas nécessité de s'inquiéter si vite.

Si on se met à penser (surtout ne pas penser !), on se dit : « Eh bien, pourquoi pas, il n'est pas si mal mon texte ? » Mais aussi : « Et  pourquoi ce serait moi, on est combien à attendre, hein ? Par ailleurs, cependant, ce livre que j'ai lu, et qui me tombait des mains…

— Oui, c'est vrai il ne valait pas le tien et, par-dessus le marché, écrit en « français deuxième langue », mais écrire en bon français ou, même, avoir du style, ce n'est pas ce qui importe. Tu sais bien que les choix des éditeurs, pardon : leurs « coups de cœur », sont  parfois incompréhensibles, mais ce sont les leurs. En bref, ça ne regarde qu'eux. Alors, le mieux c'est de cesser d'y songer. Tu as écrit ce que tu voulais/ pouvais écrire, tu envoies, c'est tout, tu ne discutes pas, même pas avec toi-même (surtout pas avec toi-même), et tu ne penses plus au résultat, hein ? Comme quand tu passais des examens, quand t'étais môme. »

Un jour (combien de mois plus tard ?), la première lettre à en-tête — éditions Duschmoll — arrive : « Un refus forcément, te dis-tu, sinon, ils m'auraient téléphoné. » Bon, quand même, ton cœur bat et tu espères (tu te dis que non, ton cœur ne bat pas, parce qu'il faut rester la tête froide et, de toute façon, tu ne veux pas l'entendre, il n'a qu'à pas). Cependant, te dis-tu en outre, (et c'est pour ça que ton cœur bat quand même) : « Si, eux, ils ne téléphonaient pas pour dire oui, mais envoyaient des lettres d'acceptation ? Ça se pourrait. »

Tu ouvres.

La lettre rejoindra ton classeur : « Lettres de refus ». Apparemment, ils téléphonent. Comme les autres… Pourtant, il y a ce petit mot à toi seule adressé, deux phrases rien que pour toi, ajoutées en bas de la lettre circulaire et vite griffonnées à la main, au stylo bille, signature illisible, mais quelque chose d'humain.

 Et te voilà contente.

4 mai 2013

Que nos vies aient l'air d'un film parfait

 C
Que nos vies aient l'air d'un film parfait

Caroles Fives  (Editions Le passage août 2012)

 

4 de couv' : Certains pensent que le divorce, ça ne sépare que les adultes. Années 80. Déferlante rose sur la France. Première grosse vague de divorces aussi. À la télé, Gainsbourg, Benny Hill et le Top 50. Un frère et une sœur sont éloignés. Vacances, calendriers, zone A, zone B. La séparation est vécue différemment par chacun. Chacun son film, sa version, le père, la mère, la sœur. Chacun sa chanson. Un seul se tait, le cadet. Lui, ne parle pas, il attend. Huit ans, neuf ans, dix ans…

Dans les familles, les drames se jouent mais ne se disent pas. Huit ans, vingt ans trente ans… Que nos vies aient l’air d’un film parfait est un livre sur l’amour fraternel, celui qui seul permet de traverser ces années sauvages, ces plages d’enfance.

 

J'ai rencontré Carole Fives lors de sa venue à "Pau Fête le livre" en novembre 2012.  Ce que j'avais lu dans la presse à la sortie de son nouveau roman m’avait donné envie de le lire. J'ai donc assisté à la présentation du livre à la librairie Tonnet et j'ai acheté un exemplaire avec une très gentille dédicace de l'auteure. Ensuite quelques mois ont passé, boulot, écriture, famille, peu de place pour la lecture et puis... un soir, au retour d'une soirée, pas envie de dormir, je saisis l'ouvrage sur une étagère, entame les premières pages et…Carole Fives me doit deux heures de sommeil!!!

J'ai beaucoup aimé ce récit à quatre voix d'un tsunami familial. Divorcer, dans les années 80, ce n'est pas banal. Même si une loi existe il faut inventer de nouvelles règles de vie. Il faut surtout s'adapter à ce bouleversement intime et concevoir une nouvelle configuration de la famille. Pour les personnages de ce roman, ça ne va pas sans mal. Soit un père, une mère et deux enfants, une fille et un garçon. La famille idéale, bien sous tous rapports. Rien à dire, rien à voir. Une belle petite famille. Qui pourtant ne va pas échapper à la catastrophe.

C'est la fille qui prend la parole en premier pour évoquer ce drame. Elle parle pour elle et pour son petit frère, trop jeune pour saisir d'emblée la gravité des faits et qui pourtant restera marqué à vie. Viennent ensuite la parole du père et de la mère. Chacun raconte son vécu, son point de vue. Quatre voix éparpillées par l'éclatement de la cellule familiale. Quatre voix pour un même évènement, quatre point de vue qui redonne à ce divorce une densité, une épaisseur charnelle que la douleur et le silence avait masquée.

D'une écriture précise mais néanmoins sensible, Carole Fives donne la parole à ses personnages sans pathos ni mièvrerie. Elle ne juge pas, elle raconte une histoire familiale qui marque la fin de l'insouciance pour les enfants, ballotés d'un parent à l'autre, pris en otage par les sentiments. Au fil des chapitres courts,  l'auteure rassemble les pièces du puzzle familial, donnant à voir un ensemble à jamais dispersé.

Ce n'est pas un roman triste, ce n'est pas un roman gai. C'est un roman qui parle de nos vies.  Nos vies que l'on voudraient parfaites.

 

2 mai 2013

Dans quel état est Elodie Posat?

verre brisé Appel à contributions : Dans quel état êtes-vous quand vous donnez vos textes à lire (éditeurs, amis...) si vous aussi vous voulez évoquer cet état si particulier, propre à chaque auteur, écrivez un texte et venez le partager (en m'adressant un mail)
Je vous propose de reprendre l'incipit suivant : "Lorsque j'envoie un texte (à un éditeur, à un ami)..." et ...c'est à vous!


Voici la participation d'Elodie Posat, étudiante en histoire et passionnée par l'écriture.

Lorsque j'envoie un texte à un ami, un concours, je suis toujours toute seule. Le palpitant affolé, je caresse les feuilles et mes mots comme une fée thaumaturge. Puis vient le moment où je dois fermer l'enveloppe. Il se trouve que c'est déchirement. Tout ce qui est à moi va devoir être vu, être lu, être jugé par les autres. Un petit abandon de ce que l'on est.

Alors je dépose un petit bisou sur l'enveloppe avant de la glisser dans la boite aux lettres, peu importe qui me voit. Et j'entends glisser et tomber le poids des mots au milieu d'autres déclarations enflammées, déclarations de sinistres, déclarations d'impôt...

Et une fois que je peux me remettre à respirer, je pars très très vite et j'oublie ce qu'il vient de se passer. J'oublie pour ne pas souffrir de vouloir rattraper mes textes. J'oublie pour laisser l'histoire suivre son cours.

 


Elodie anime un atelier d'écriture au Lycée St John Perse de Pau et vient d'accompagner ses jeunes participants dans la création d'un recueil de textes autour de la seconde guerre mondiale présenté au 14ème Festival des Lycéens.


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